Secrets de meubles
Cacher, protéger, ranger, tels sont, parmi d’autres, les services qu’un meuble peut rendre. À l’occasion de l’achèvement de la restauration par l’École Boulle d’un secrétaire à secrets de Mathieu-Guillaume Biennais, le Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau présente, autour de ce meuble unique, un parcours didactique à travers les salles d’exposition permanente pour découvrir tiroirs et cachettes dissimulés dans les collections du musée et les pièces du château.S’il est un meuble des plus appropriés à soustraire aux yeux indiscrets papiers, billets galants ou argent, c’est bien le meuble à la mode dans les demeures du XVIIIe siècle : le secrétaire, dont le nom même indique la principale fonction : tenir au secret. L’ingéniosité des ébénistes de la fin de l’Ancien Régime, associée au goût venu d’Allemagne pour les meubles mécaniques, donnera naissance à des créations habiles, parfois riches de mystère. Ce goût persiste au XIXe siècle, comme en témoignent commodes et secrétaires à abattant mais aussi nécessaires de voyage qui répondent à cet impérieux besoin de sécurité et dissimulent tiroirs ou soufflets de maroquin au cœur de leur coffret. Le secret d’un meuble repose aussi sur les mystères qui entourent sa conception. Meuble énigmatique, atypique dans sa forme, sa fonction ou son ornementation, il semble défier l’historien du mobilier cherchant à en percer les secrets de fabrication. Isabelle Tamisier-Vétois, en charge des collections de mobilier de Malmaison depuis 2014, dévoile pour nous bien des secrets de ces meubles et objets, mais aussi des conditions dans lesquelles ils étaient créés, le fonctionnement des ateliers, et notamment l’atelier d’ébénisterie de Biennais, artiste aux talents multiples, plus connu par ailleurs comme orfèvre. Les visiteurs auront, grâce à elle et à la mise en scène des œuvres, l’occasion de découvrir ce qu’ils ne peuvent habituellement jamais apercevoir.
