Avec plus de mille pièces composées ou arrangées,Duke Ellington (1899-1974)n’aura pas usurpé le titre de plus grand compositeur de jazz, tout comme celui de créateur du plus célèbre orchestre qu’il aura hissé, lui, simple pianiste à ses débuts, au sommet d’une gloire jamais démentie. Pendant cinquante ans, travaillant ininterrompu, le compositeur-pianiste et son orchestre écriront l’une des plus belles pages de la grande histoire du jazz. En effet, le génie créatif d’Ellington sera reconnu par tous ses pairs et ses compositions plébiscitées par le public du monde entier et encore aujourd’hui jouées sur les cinq continents.Sa musique nègre-américaine ou afro-américaine comme il aimait l’appeler, il ira la chercher dans les profondeurs de son âme noire pour restituer au travers de grandes fresques musicales appelées « suites » qui décrivent les racines profondes de l’âme de son peuple : Black, Brown and Beige, New World A Comin’, My People, A Drum Is a Woman, The River, Harlem, La Tone Parallel to Harlem et beaucoup d’autres (au total près de cinquante suites écrites au cours de cette foisonnante carrière). Ses concerts, soit à guichets fermés, réunissent le plus souvent des foules munies à près d’une heure, telles inconnues du grand public, mais toutes composées avec une richesse d’invention à nulle autre comparable et toutes exécutées en public. Cette part très importante et méconnue de l’œuvre d’Ellington le constitue en le champion des grands classiques, tels Peer Gynt de Grieg, Peer Gynt, Exposition universelle de Paris, Boléro de Ravel, Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski et Casse-Noisette, Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss pour ne citer que quelques-uns.Stravinsky écrira : « Ce que fait Ellington est un domaine symphonique qui va bien au-delà de celui du jazz » ; Arturo Toscanini célèbre chef d’orchestre symphonique, n’a-t-il pas commandé à Duke sa Harlem Suite pour le NBC Orchestra de New York ? Léopold Stokowski, André Prévin, Jascha Heifetz, autres grands maîtres de la musique classique, étaient en admiration devant Ellington, comme Barbara Hendricks, Yehudi Menuhin, Daniel Barenboim, Nigel Kennedy ou Jean-Marc Thibaudet qui lui ont rendu hommage de leur talent et de leur estime avec la musique.Bien sûr, le lecteur découvrira aussi les fabuleux solistes du big band, les œuvres écrites par Monsieur Duke, avec les enregistrements et concerts les plus mythiques, sans compter nombre d’anecdotes qui parsèmeront sa carrière.Vers la fin de sa carrière (1965-1973), Ellington s’est attelé à une tâche difficile, la création de trois grands concerts de musique sacrée qui seront joués dans les plus grandes cathédrales du monde ; l’aboutissement de son incroyable parcours. Cette musique sacrée dont il dira : « C’est ce que j’ai fait de mieux dans ma vie ».