Cure et intériorité

« À l’âge de 21 ans, étudiante en philosophie, je m’effondre complétement. J’entreprends alors une psychothérapie avec un médecin psychanalyste. Prendre la parole amène un sentiment de libération par rapport au carcan universitaire et à une famille où l’on ne s’exprimait pas beaucoup. Très vite, j’éprouve le besoin de tenir un journal entre les entretiens. Dans ma chambre, dans le calme pendant des heures, je note ce qui se déroule à l’intérieur. Le philosophe Bernard Lempert m’encourage dans cette pratique qu’il estime très thérapeutique. Les rêves se succèdent, petits comtes dont il faut déchiffrer le sens, ou qu’il convent juste de contempler. « Il est important que vous ne vous sentiez pas vides à l’intérieur », écrit Sainte Thérèse d’Avila.À quoi cela sert-il de publier un écrit aussi intime ? Voilà la question que je me suis posée pendant des années sans trouver la moindre réponse. Un jour, je fais une rencontre qui m’invite à pousser mes manuscrits plus avant vers le monde : je donne à lire un carnet de rêves à une femme, Marie, et elle me dit : « Nous aurions beaucoup de choses à nous dire… » Ainsi, communiquer ma vie intérieure à d’autres, prend du sens. »