En quelques pas, je me suis rendu dans la chambre parentale, lieu sacré et interdit. J’ai ouvert le fameux tiroir. J’en ai extirpé le document à l’origine de mes tourments. Mon cœur battait la chamade et une grosse suée perlait sur mon front, car je savais braver un interdit, commettre une violation et, sans doute, j’avais un peu peur de me faire prendre sur le fait. Mais, en même temps, j’avais aussi la conscience diffuse de trouver quelque chose de secret. Tout tremblant, j’ai pris à deux mains le feuillet que je voulais lire et je restai pantois, K.-O. debout, à la fin de la lecture du certificat de mariage de mes parents. Voilà ce que j’ai découvert.« À l’instant, lesdits époux nous ont déclaré qu’il est né d’eux, à Arbois, le 12 février 1890, inscrit à la mairie de cette ville, le lendemain, sous le nom de Faivre, un enfant de sexe masculin, auquel ont été donnés les prénoms de Claude et Louis, déjà reconnu par sa mère. Ils déclarent ici qu’il est le fruit de leurs œuvres. »Psychologue clinicien en retraite, Yves Germain a longtemps écouté les silences des autres avant de laisser parler les siens à travers l’écriture. Arrière-petit-fils de vigneron arboisien, il a hérité du goût des choses qui prennent leur temps, comme le bon vin, et des histoires qu’on porte longtemps en soi avant de les écrire. Amoureux de la littérature depuis toujours, il consacre désormais une partie de ses journées à l’écriture de romans, là où le passé s’invite sans prévenir et où les racines parfois se perdent en chemin. Il mêle dans ce roman la profondeur des vies intérieures à la lente respiration des terroirs et du temps qui passe. Un père passe et manque est son troisième roman.
