UN HOTEL EN PROVINCE

J’ai rencontré Henri lors d’une soirée, depuis longtemps déjà j’étais flottant comme un nuage.Il venait d’assister comme nous à la première projection d’un film d’une indécence très crue, dans un cinéma du Marais. Mes amis le connaissant, il se joignit à nous.Une sorte d’orgie s’organisa plus tard, dans une villa du vingtième, mais nous étions habitués et cela sembla n’être qu’un mélange de folie et de normalité, dans lequel subsistaient en gros les règles ordinaires sous des actes qui avaient à mes yeux la tristesse d’une dérision dénuée d’absolu.Il se trouva que je sortis au même moment qu’Henri et qu’il me proposa de me raccompagner. Nous n’avions pas parlé ensemble durant ces quelques heures. Je n’habitais pas loin, durant le court trajet je lui dis que j’étais photographe et il me répondit je suis hôtelier en province, assez loin d’ici, dans le beau village de Maytheuil.Trois mois plus tard je reçus une invitation à venir travailler librement chez lui dans les chambres de l’hôtel qui seraient inoccupées.Il me restait à trouver rapidement une modèle (Henri posait pour cette première fois des dates qu’il ne fallait pas dépasser), à convaincre une jeune femme de m’accompagner plusieurs jours dans une solitude qui avait un air de traquenard.Il me fallu y retourner plusieurs fois avec des personnes différentes pour enfin pouvoir obtenir, après deux années de séjours, et sans l’avoir prévu, une série cohérente et complète d’images qui me bouleversera.