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Marcher loin sous les nuages

Oumhani Ce´cile
Date de parution 13/03/2018
EAN: 9789931468486
Disponibilité Manque temporaire
SEPT QUESTIONS A CECILE OUMHANI1/ Une autobiographie en quelques mots.Différentes langues résonnaient dans les paysages de mon enfance. Je n’avais pas accès à certains d’entre eux, parce que je ne les avais jamais vus et je ne les connaissais qu’à tr... Voir la description complète
Nom d'attributValeur d'attribut
Common books attribute
ÉditeurAPIC EDITIONS
Nombre de pages80
Langue du livrePas de contenu linguistique
AuteurOumhani Ce´cile
FormatBook
Type de produitLivre
Date de parution13/03/2018
Poids9 g
Dimensions (épaisseur x largeur x hauteur)0,50 x 14,00 x 19,00 cm
SEPT QUESTIONS A CECILE OUMHANI1/ Une autobiographie en quelques mots.Différentes langues résonnaient dans les paysages de mon enfance. Je n’avais pas accès à certains d’entre eux, parce que je ne les avais jamais vus et je ne les connaissais qu’à travers ce que les mots pouvaient m’en dire. L’éloignement a toujours été une composante de ma vie, avec des interrogations sur l’absence et sur l’espace. Les lettres échangées en anglais et en français ont occupé une place essentielle. Elles étaient le seul lien entre des êtres qui souffraient d’être séparés, de ne plus pouvoir partager le quotidien. Les feuillets surchargés de phrases étaient comme le condensé de ces jours qu’ils ne passaient plus ensemble, puisqu’ils vivaient sur des continents différents. Ce sont ces feuillets qu’on lisait à la maison qui m’ont permis d’accéder à la page, en tant que lieu à part entière. Ils m’ont fait découvrir les failles et les interstices qui s’inscrivent entre les mots, en même temps que je devinais aussi leur capacité à ouvrir des chemins. Les livres, qu’ils soient écrits dans l’une ou l’autre langue, ont eu également un rôle capital. Je les lisais indifféremment en anglais et en français, passant de l’imaginaire d’une langue à un autre, au gré d’un livre ou d’un moment. Lettres et livres ont donc fait que les mots ont toujours été investis d’une place particulière. Anglais et français, voyages d’un côté et de l’autre, m’ont permis de développer tout naturellement des liens privilégiés avec la Tunisie, à partir de 1970, ajoutant une dimension supplémentaire aux facettes de l’éloignement, avec la musique d’encore une langue et ce qu’elle peut me dire des lieux et des êtres qui l’habitent. Poèmes et romans surgissent au fil de ce qui m’appelle, un peu comme s’il s’agissait d’une respiration aux modalités particulières. Mais qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre, ma relation aux mots reste fondamentalement liée à la poésie. 2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie ».Comment définir ce qui se joue aux confins de l’indéfini, ce qui cherche à en cerner les contours, faute de pouvoir l’atteindre ? Nous recevons les mots en héritage et nous voyageons avec eux. Ou devrais-je dire qu’ils voyagent en nous ? Nous n’en finissons pas de cheminer avec cet insu des mots, portés et pétris par tant d’êtres humains avant nous. Ce qui voyage ainsi dans l’intimité de notre for intérieur se perd dans la nuit des temps et nous traverse. Nous interrogeons les mots. Et ils nous interrogent. La poésie se trouve peut-être dans ce lieu mystérieux de nous-mêmes avant de venir se réfracter dans les traces que notre main inscrit sur la page.3/ Comment vous situer dans l’écriture ?Il m’est difficile de répondre à cette question. Tout au plus puis-je essayer d’esquisser ce que je recherche. L’épaisseur de la nuit dont les mots sont porteurs me fascine autant que l’acuité que peut prendre le quotidien, ou plutôt l’acuité avec laquelle il est parfois donné d’en percevoir certains moments. J’irai jusqu’à parler d’une acuité des mots à laquelle on tente d’être réceptif. Un peu comme lorsqu’on fouille le grain d’une pierre ou le tissage d’une étoffe et que soudain s’entrouvre une échancrure, se dresse un relief. On est arrêté par ce qui se découvre et qu’on entraperçoit. Oui, je crois que ce que j’essaie d’écrire est étroitement lié à une attention au silence des mots, à une recherche dans ce qu’ils ont de souterrain mais aussi de lumineux.4/ De la forme (et du formel) en temps de crise.Des poètes contemporains comme Marilyn Hacker montrent brillamment comment des formes et des rythmes anciens peuvent se renouveler. Je pense à son poème Pantoum en temps de guerre ou encore à Rengas de Syrie. Son souci d’user d’une forme ancienne pour dire le monde d’aujourd’hui est au cœur de sa recherche de poète, me semble-t-il. Ce que la contrainte d’une forme enferme et restreint permet en réalité d’approcher ce que nous n’approcherions sans doute pas autrement. Comme l’échappée au terme d’un chemin d’ascèse...Le poète peut décider d’avoir recours à des formes préexistantes qu’il connaît à travers les lectures, dont il s’est nourri et continue de se nourrir. Mais il en existe d’autres dont lui ou le poème décide à un moment donné. Le poète obéit alors à la nécessité d’un poème à venir, à ce qui commence de cheminer, de s’imposer à lui. Il écoute ce qui murmure et se fraye, attentif à ce qui est déjà et qui se cherche jusqu’au bout de sa main. Il me semble qu’écrire un poème est indissociable d’une forme, que celle-ci soit choisie délibérément parmi celles qui existent déjà ou qu’elle apparaisse dans le processus d’écriture. Mais même lorsqu’il pense créer une forme, je crois que le poète reste habité par ce qu’il a lu, l’expérience qu’il a de la poésie passée et contemporaine. Il puise, parfois sans s’en rendre compte, dans les rythmes et les formes qu’il continue d’entendre en lui et qui respirent en lui longtemps après qu’il les a écoutés...