La foi, c'est ce qui ne marche pas

L’artiste ivoirien Dj Kerozen chante qu’un enfant de Dieu ne peut jamais échouer. Et, que ce soit à l’église ou en boîte de nuit, nous dansons avec lui, à en perdre souffle. Mais, voilà: après avoir trémoussé des hanches sur sa chanson, vient le moment de se reposer, d’éponger la sueur sur le front et de remettre le cerveau à réfléchir. Si un enfant de Dieu ne peut jamais échouer, cela veut-il dire que celui qui “échoue” n’est pas enfant de Dieu? Mais comment cela se fait-il? Dieu aimerait certains, leur donnerait une belle villa ici, une belle voiture là-bas et un conjoint sexy à mourir et négligerait les autres qui se traînent la vie? Mais, bon Dieu!, c’est quel Dieu ça? L’auteur de ce livre, délibérément, se range du côté de ceux qui ne “réussissent” pas mais refusent de laisser Dieu à la merci des Dj Kerozen qui veulent se l’accaparer. Il se range du côté de ceux qui ont la foi ailleurs, qui l’ont discrète, qui vivent la compagnie d’un Dieu qui déteste le brouhaha des boîtes de nuit et des boucantiers de Dieu qui y vantent leurs mérites. Ce livre aurait pu s’intituler “La foi n’est pas de la magie”. Car la magie, c’est ce qui marche toujours — sans qu’on sache trop comment, tout en se doutant que quelqu’un tire des ficelles en coulisse (mais: Dieu serait-il un marionnettiste?) Il aurait pu s’appeler aussi “La foi n’est pas une technique”. Car la technique, c’est aussi ce qui marche toujours — quand on sait comment tourner le bon bouton (mais: qui donc connaît le bon bouton de la vie?) On y règle donc des comptes avec ceux qui font de Dieu un technicien ou un magicien. On veut dire que, peut-être, IL est bien plus que cela.