Garde-corps

« - Vous voulez un souvenir ? »Au début du XXe siècle, obtenir un portrait de soi devient accessible.La « carte photo » répond à cette attente.Des photographes ambulants vont en effet aller à la rencontre de leurs clients sur leurs lieux d’habitation, de travail ou se poster dans des zones très fréquentées comme les lieux touristiques, de villégiature, de cures ou les moyens de transport.Ils profitent aussi d’événements exceptionnels comme les célébrations reli- gieuses, les commémorations, les fêtes de village, les fêtes foraines, etc.« Qui sont celles et ceux qui posent devant des photographes ambulants, parfois seuls et le plus souvent en groupe ? Pourquoi y consentent-ils et que nous disent-ils ? Assurément, ils se mettent en scène, figés mais vivants dans l’instant et pour le futur, afin que nous puissions les regarder. Comme s’ils sa- vaient que ces images d’eux-mêmes leur survivraient et deviendraient in fine leur mausolée, tandis que leur identité serait perdue – surtout parce que ces images finiront par quitter les albums, les boîtes, les tiroirs ou les portefeuilles où elles seront demeurées longtemps serrées et seulement compréhensibles des deux ou trois générations familiales qui les suivront immédiatement, avant de passer entre d’autres mains... Ils posent en regardant frontalement l’objectif du photographe, qui les fixe et qu’ils fixent intensément, commes’il s’agissait de redoubler leur présence et de ne rien rater de ce momentoù l’opérateur met en branle le processus (de la préparation de la prise de vue jusqu’au développement et au tirage), au terme duquel ils posséderont une image de soi, de soi et des siens ou de ses proches ». [Extrait du texte de Bertrand Tillier écrit pour l’édition Garde-corps]Un travail graphique de Julie Luzoir et Francis Ramel, ramel.Luzoir 200 exemplaires numérotésImprimé chez OTT, non loin de Strasbourg