LE SILENCE DU TOURBILLON

Le monde qui jaillit sous la plume de Denis Chabroullet est d'autant plus prégnant qu'il nous expose tour à tour à de voluptueuses nuits d'étoiles filantes, puis à de terrifiants trous d'air noirs.On y retrouve ce regard visionnaire qui perlait son oeuvre théâtrale : ici point une graine d'adolescence poivrée où la saveur nostalgique est fugace ; car la lucidité politique et l'humanisme de l'auteur ne prend pas de détour pour nous proposer ce monde, comme étant bientôt le nôtre.Nous sommes dans un endroit de grand peuplement qui tourbillonne en silence, où se croisent des "Donneurs de leçons", des "indéfrisables", des "Dragons du Komodo": un monde qui tient droit grâce au regard intransigeant de "Scrutateurs" au service d'un pouvoir qu'on devine omniscient.Le narrateur est l'un de ces scrutateurs : il note tout ce qu'il voir sur son carnet à spirales : mais il a des tendresses pour certaine, et de grandes méfiances pour d'autres. Quelques fois même, les doutes peuvent lui faire raturer les feuilles de son carnet.Il vit avec Fantta dans un caravane, il écoute Brian Auger et aime en silence Valentine, son corps doux et vulnérable.Mais Valentine a disparu.