Cet ouvrage à deux mains de Cristiano Dognini et Ilaria Ramelli part d'un constat simple : s'il est admis que les rapports commerciaux et diplomatiques entre l'Occident et l'Inde ont été fréquents, sinon continus, à partir d'Alexandre, l'historiographie moderne considère que la prédication chrétienne en Inde n'a commencé qu'à l'époque de Constantin. Cette convention paradoxale, qui par ailleurs se heurte à la patristique antique et aux traditions du christianisme indien, est la conséquence, selon les auteurs, de l'impasse méthodologique et polémique dans laquelle s'était égarée la recherche au XIXe et au début du XXe siècle. Ils estiment que le débat mérite d'être rouvert avec des objectifs et des angles d'étude affranchis des limitations qui lui valurent l'enlisement. À travers l'analyse textuelle poussée des sources classiques, indiennes et chrétiennes, et à la lumière des découvertes scientifiques récentes, de l'archéologie, ou encore de la numismatique, les auteurs se proposent de repenser la nature et l'intensité des liens entre l'Occident et l'Inde durant l'Antiquité. Une fois ce cadre historique et culturel posé, les auteurs vont ensuite identifier les éléments des traditions indienne et patristique compatibles avec ce que l'historiographie moderne a permis d'établir à propos de la prédication chrétienne primitive et de ses réseaux d'irradiation. Cette étude se déploie le long d'un arc chronologique allant de l'avant-Alexandre à l'après-Constantin (cinq chapitres), entre lesquels s'intercalent, en contrepoint, trois chapitres dédiés à l'étude de textes sanscrits, hindouistes et bouddhistes, et des éléments de culture classique ou chrétienne qu'ils recèlent. L'Académie des Sciences d'Outre-mer a décerné aux Apôtres en Inde dans la patristique et la littérature sanscrite le prix Auguste Pavie 2017, ex-aequo avec L'Orient dans tous ses État (CNRS, 2016), de M. Henry Laurens, du Collège de France. Le prix Auguste Pavie, créé en 1983, récompense un auteur ayant traité de l'Asie, de l'Indochine ou du Pacifique. Auguste Jean Marie Pavie (1847-1925), diplomate, haut-fonctionnaire, joua un rôle essentiel dans l'exploration et la renaissance du Laos.
