C’était hier et c’est demain…Un jour de 2011 ou dans ces eaux-là, le petit homme, le vieil anar et les deux crobardeurs tinrent conciliabule. L’heure était grave. Le premier avait des airs de lutin farceur, le second de Léo Ferré rigolo, les deux autres de garnements potaches. Pendant presque vingt ans, de 1992 à 2010, la fine équipe avait ressuscité et porté à bout de bras l’Almanach des Ardennes. Gros boulot, grosses rigolades et gros succès… À raison d’un numéro tous les deux ans, leurs dix albums pleins de gauloiseries et de calembours bons avaient en effet cassé la baraque. Osons le mot?: le monde se les arrachait?! Quatre fois hélas, Yves Kretzmeyer, Jean-Claude Mahy, Robert Cara et Daniel Casanave avaient ce jour-là décidé de poser plumes et stylos. Trop de fatigue, de lassitude aussi, peut-être… De toutes parts, les encouragements à poursuivre n’en purent mais… Ils se résignèrent à lever le pied et, par la même occasion le coude car il fallait bien fêter ça. Ce fut par un feu d’artifices et un beau baroud d’honneur, un « Almanach coquin?» à lire d’une main, tandis que l’autre épongeait quelques larmichettes avant les adieux. Ainsi la page se referma. Mais comme seul l’incertain est sûr, personne ne sut qu’elle restait entrouverte…Car à quelque temps de là, disons cinq ou six ans, Jean-Marie Lecomte et ses Éditions Noires Terres, cherchant du grain à moudre, s’employèrent à réveiller le défunt. Si l’Almanach était mort, il bougeait encore… Un bouche-à-bouche vigoureux saurait bien le ramener à la vie. Sitôt dit, sitôt fait… Le papa de ce sacré verrat d’Arthémise n’eut pas été plus enthousiaste en gagnant le grand prix d’Angoulême. Il rempila et des trois autres, seul Mahy renonça, Lecomte se chargeant d’étoffer la nouvelle équipe. Les candidats affluèrent?! Au total, une quinzaine qui ficelèrent en 2017 un Almanach revigoré. Tel qu’en lui-même, le nouveau-né avait fière allure?: farceur, gourmand, poétique, facétieux, et pour la première fois en couleurs?! Il tenait à la fois du bazar et du magasin spécialisé, à l’image de ces imprimés d’autrefois où l’on savait pouvoir trouver tout sur n’importe quoi et inversement?: recettes, proverbes, contes et récits, hauts-lieux du patrimoine, illustrations et par-dessus tout, portraits de femmes et d’hommes. L’Almanach?2017 avait cessé de n’être qu’un bain de nostalgie rigolarde pour se tourner délibérément vers le spectacle réjouissant de ceux qui font l’Ardenne d’aujourd’hui?: artisans, éleveurs, commerçants, artistes…Dans la présente livraison 2026, dixième de l’Almanach renaissant, l’esprit n’a pas changé et la lettre, à peine. Seules variations, l’intérêt porté aux entreprises ou la multiplication de rubriques protéiformes. Mais les lecteurs familiers retrouveront surtout le talent d’Alain Sartelet et ses contes illustrés, l’humeur vagabonde du portraitiste Yves-Marie Lucot, les châteaux enchantés de Philippe Delevoye ou le bestiai
