Ce n’est point pour les étrangers que j’écris ces pages intimes de la vie ruthénoise?; pas davantage pour les pédants, les théoriciens et les amateurs de belle littérature. Je m’adresse exclusivement à ceux qui, comme moi, nés ou fixés sur ce sol, l’aiment et cherchent à connaître les événements dont il a été le théâtre.Étude impressionnante qui nous rend un instant le contemporain de ceux dont on lit l’histoire, nous fait vivre la même vie qu’eux, nous apprend enfin de quelle manière nos devanciers Celtes, Gaulois, Romains, Wisigoths, Francs, Français et Anglais peut-être ont uni leurs efforts pour élever la ville, l’agrandir, la défendre, l’embellir, la dégrader même?; de quelle manière ils ont mêlé leurs races dans une souffrance commune pour suivre, malgré l’oppression, la disette, l’épidémie, la guerre, leur marche lente et sûre vers le bien-être moral et matériel que tout être humain a le droit de posséder en ce monde. Le lecteur me pardonnera, je l’espère, de m’être laissé entraîner par mon attachement pour ma Ville natale et d’avoir, malgré mon insuffisance que je connais très bien, osé livrer au public ces quelques pages d’histoire locale. Les reproductions, dessins, portraits qui les accompagnent, intéresseront : Ils font revivre les personnalités de Ruthénois distingués?; ils «?relèvent?» des édifices disparus, oubliés déjà peut-être, qui formaient jadis le «?Vieux Rodez?». Loin de moi la pensée de faire œuvre d’historien?; j’ai simplement rassemblé des documents épars çà et là et même inédits?; je les ai copiés, classés et publiés en donnant les références. Je ne suis pas sorti de mes attributions professionnelles de Greffier. J’ai fait tous mes efforts pour intéresser le lecteur au passé de cette terre que j’aime. D’ailleurs, il y a peut-être à cet amour une raison de parenté. Depuis plus de deux?siècles, tous mes auteurs, artisans couteliers de la Cité, y sont nés, y ont vécu et y sont ensevelis. L’auteur de ce texte monumental était greffier de son état et il a bien mérité que l’on donne son nom à un boulevard de sa ville natale. Son homonymie avec un célébrissime écrivain de romans le maintient d’ailleurs dans une modestie quasi secrète...Cet ouvrage remarquable — dont la première édition remonte à 1912 — constamment réédité au fil des ans, ravira tous les Rouergats ayant des attaches avec leur capitale et aussi tous ceux que passionne l’histoire régionale, du Rouergue à la Gascogne en passant par l’Occitanie. En voici une nouvelle édition entièrement recomposée et enfin abordable.
