Vouloir souffrir

Entre le vouloir-vivre et le vouloir-mourir, il y a le vouloir-souffrir : de cet objet étrange, instable, ce livre se demande si l’on peut faire un concept. Nietzsche l’a rencontré sous le nom d’ascétisme. Il en a fait la terrible généalogie et, à bien lire celle-ci, on comprend qu’il l’a faite lui-même en ascète. Mais cette analyse s’inscrit à son tour dans une histoire plus large. Celle-ci nous reconduit, en amont, aux rigueurs de la pénitence dont le libertinage a pu se concevoir comme l’exubérante inversion. En aval, elle nous achemine bien sûr au masochisme qui en fut la réinterprétation clinique. Ainsi devient possible une autre généalogie de la souffrance volontaire où la mystique sauvage de Bataille et la sobre ascétique de Foucault figurent à titre de belles variations. Ce qui varie, c’est le thème : l’existence d’un être qui peut vouloir souffrir, et qui le veut souvent de fait, sans qu’il soit pourtant facile de dire en vue de quoi …