Voltaire

L’œuvre de Voltaire n’est ni doctrinale ni purement ironiste : le siècle de Louis XIV représente à ses yeux le règne des “génies” ou des grands systèmes métaphysiques sur lesquels le XVIIIe siècle doir raisonner. Il s’agit donc de critiquer le cartésianisme, mais afin de bâtir une nouvelle “science de l’histoire”. C’est ce parcours exceptionnel, qui rend compte des compléxités de l’âge classique, que Voltaire accomplit. Résolument attaché à l’idée apparemment conservatrice d’un ordre naturel fixe et immuable, il en tire cependant la conclusion que seule l’humanité a une histoire qui pose le problème de ses erreurs et de ses fautes morales. Il est alors question de la possibilité même du perfectionnement de la raison, possibilité qui est toujours et lucidement soumise à un état particulier des mœures. Ce primat original de l’éthique sur le théorique, mais aussi sur le politique, l’économique et le religieux, explique la double participation de Voltaire au siècle de Malenbranche et au siècle des Lumières.