Discours de la méthode

« Depuis la première édition du Discours de la méthode, chez Jean Maire, à Leyde, en 1637, de très nombreuses éditions se sont succédées, dont on trouvera une imposante liste dans le Catalogue des imprimés de la Bibliothèque nationale, article Descartes. De ces éditions, les unes ne contiennent que le texte, les autres s’accompagnent de notes ou d’un commentaire plus ou moins étendu, aucune ne s’est proposé d’élucider les difficultés de toutes sortes que le texte soulève, ni même de les signaler à l’attention des interprètes, dans l’espoir qu’elles finiront pas être élucidées. Tel est proprement le but que vise la présente édition du Discours, avec le commentaire qui l’accompagne. » Ces lignes écrites par Étienne Gilson dans l’Introduction de l'ouvrage publié en 1925 et réédité dès l'année suivante, accompagné de « Corrections et Additions », n'ont rien perdu de leur pertinence, même si depuis cette date la liste des éditions annotées s’est sensiblement augmentée. L’originalité de l’édition du grand historien de la pensée médiévale, qui commence avec Descartes, dès sa thèse de doctorat en 1913 (La liberté chez Descartes et la théologie) et qui rassemble en 1930 ses Études sur le rôle de la pensée médiévale dans la formation du système cartésien, tient en effet au Commentaire historique (plus de 400 pages) qui accompagne le texte de l'édition Adam-Tannery. Que faut-il entendre ici par « commentaire historique »? Sous cet intitulé modeste, Étienne Gilson propose une annotation suivie attentive non seulement à tous les lieux du corpus cartésien susceptibles d'éclairer un texte faussement transparent (parallèle avec les Regulae, Meditationes, Objections et Réponses), mais encore aux sources et à la tradition d'un grand nombre de philosophèmes qui traversent le texte cartésien, et plus généralement au contexte d’époque admirablement maîtrisé par l'auteur d’un Index scolastico-cartésien.