France du Nord et Belgique au cœur de la Grande Guerre

1918... après un peu plus de quatre années de combats, la Grande Guerre s’achève. Depuis plus d’un siècle, les programmes scolaires français évoquent ce conflit. Pendant des décennies, l’étude des opérations militaires pour leurs multiples fronts se révéla l’axe privilégié mais avec une focalisation sur la France ; ces dernières années, l’accent porte davantage que par le passé sur le rôle et la place des civils à l’arrière. En revanche, d’une manière étonnante, ces programmes du Ministère de l’Éducation nationale n’abordent jamais ces territoires envahis par l’ennemi, suivant la formule des populations qui furent directement concernées par quatre longues années d’occupation, soit dix départements français mais aussi la Belgique voisine, sans compter d’autres espaces concernés en Europe. Aujourd’hui, d’aucuns préfèrent l’emploi de l’expression de territoires occupés. Les personnes qui connurent dans leur chair les affres d’une vie quotidienne marquée par d’âpres restrictions alimentaires, des réquisitions incessantes, de multiples tracasseries administratives, des emprisonnements arbitraires, le logement imposé de soldats ennemis, voire des déportations, considéraient, c’est une évidence, que l’invasion précédait l’occupation.Tout ceci demeure le plus souvent méconnu et, en raison du silence qui prévaut dans les instructions de l’État à propos de l’enseignement, une chape de plomb tend à recouvrir une mémoire qui reste surtout transmise au sein de familles marquées par ce qui fut un véritable calvaire. En évoquant quelques exemples de ces populations de la France du Nord et de la Belgique, le présent ouvrage entend étudier des pans de cette histoire douloureuse pour la tirer de l’oubli dans lequel elle sombre.