Psychanalyse du bannissement

Bannissement et liens entre hommes, un tel rapprochement amène immanquablement à l’esprit contemporain l’idée de la proscription sociale déclinée par le passé en termes culturels, juridiques et médicaux. Aux côtés de cette forme externe de bannissement existe cependant une autre forme, le bannissement interne, dont témoignent certaines difficultés sentimentales, sexuelles et amoureuses. Car, banni, l’homme qui désire les hommes aujourd’hui ne l’est plus tant par la société, que par d’autres hommes qu’il peut rencontrer au long de son parcours sentimental. Comment alors penser ces difficultés qui entravent la vie affective ?Instruit du risque d’introjection de certaines composantes haineuses d’une homophobie sociale latente, autant que du risque de projection sur le social de complaintes sentimentales, ce livre met en œuvre une démarche archéologique. Les ressorts juridiques et historiques de la sentence de bannissement sont ainsi explorés afin de pouvoir métaphoriser les difficultés de ces liens. Isoler ou annuler l’autre. Tenter de rendre non advenue une histoire personnelle. L’inquiétant et étrange partenaire peut, dans cette perspective, se voir cantonner à la limite, à la frontière du royaume. Royaume dont, par un décret inconscient, il pourrait être banni.Le bannissement n’est pas une pratique inconnue pour le psychisme. Elle renvoie à tout ce que le Moi rejette, aux défenses, au refoulement, à la forclusion, à la dénégation. Se produisant à toutes les époques, quand bien même on serait tenté d’y voir un vestige archaïque finissant, la caractéristique inconsciente du bannissement s’avère obstinée, et majeure.