LAURENT FIÈVRE

Héros, anonymes, spectres, tous parlent avec les yeux. La parole baillonnée. Œil orbital. Au bord des larmes. Abîme d’un crépuscule d’humanité. La paupière lourde. Violacée. Lasse d’un exil sans illusion. Antichambre de la mort. Iris bleu délavé. Regard absent. Tourné vers son propre néant.Corps entravés. Enchaînés. Ligaturés. Saturés de matières organiques. Masques de haillons. Vaine protection.Des mains aux doigts effilés. Crochus. Qui s’attachent encore à la vie. Retenant un cœur trop lourd…Corps translucides. Habillés de vide. L’épure qui transfigure. Filaments d’os comme des reliques d’un monde disparu. Une ossature pour toute sépulture. Une fosse commune pour ces corps sacrifiés. Saignés à blanc. Épaves amputées. Exsangues. Des âmes en errance. Règne de l’inachevé.À chacun sa part manquante. Laurent Fièvre cherche à révéler le minuscule souffle de vie au cœur de la chair. La vérité nue. Sans fard. (Pascale Bessard)