Avec pertinence et parfois impertinence, Sophie Chauveau fait l'éloge des sourires: une vision à la fois personnelle et universelle."Pourquoi je crois à la vertu du sourire. Et même j'oserai aller plus loin: au sourire comme Vertu. Comme passeport, passe-muraille, passe-grisaille, pour accéder au monde solaire, ouvrir les portes au bleu du ciel. Le sourire comme arme contre le malheur? Oui, le sourire combat jusqu'au malheur. Le chagrin, la solitude, la désolation, la peine... Sur toutes ces sortes de misère, le sourire peut agir à la façon d'un sortilège. D'un charme de sorcière. Le sourire, le grand, le beau, celui qui fait fondre les mères quand leur enfant le leur offre, celui qui fige de bonheur les amoureux dans un arrêt sur image qui leur fait souvent dire qu'ils échangeraient cet instant contre tous les autres, cette minute pour la vie entière. Celui qui rend courage au passant solitaire, qui réconforte les malades quand, du fond des hôpitaux, ces nouvelles héroïnes des temps modernes que sont les infirmières les éclaboussent de leurs sourires venus de tous les pays du monde, pleins de soleil le plus souvent, parce qu'elles savent qu'il n'y a rien d'autre à faire que sourire puisque ces malades ne le sont que de solitude, de manque de courage, de force, de sourire...Tous ces sourires qui donnent sont des sourires qui sauvent. En échange de rien, gratos, comme un bonbon d'enfance. Le luxe d'un sourire sur un visage morne, éteint, et qui s'allume alors soudain comme les bougies des gâteaux d'anniversaire. Le sourire dont je vais parler ici est celui-là sur lequel tout le monde s'entend, tout le monde se comprend quand on l'évoque, le plus souvent parce qu'il manque. Le vrai sourire..."Défendre le sourire dans un monde trop souvent promis à la grisaille est un défi que Sophie Chauveau relève ici avec tout son talent, toute sa liberté de pensée. Elle observe la société contemporaine, interroge l'Histoire, voyage à travers la littérature ou détaille l'art du portrait, et nous propose une réflexion sur notre façon d'être au monde, notre façon de vivre dans le monde... Cette "étude", comme une partition musicale, nous fait ressentir la magie, le mystère, la puissance d'une "mimique" commune à tous les hommes.
