Miguel de Molinos naît en 1628, dans la province de Teruel. Prêtre séculier, il prêche des missions, confesse dans une communauté de religieuses, prend part occasionnellement à des exercices spirituels pour ecclésiastiques... Son « Guide spirituel » connaît, de 1675 à 1685, une dizaine d'éditions dans des langues diverses. Dans cet opuscule, considéré comme l'exposé le moins obscur et le plus fécond du quiétisme espagnol, le docteur aragonais préconise un abandon de soi sans réserve entre les mains de Dieu, une « résignation » absolue à sa volonté, une passivité et un anéantissement aussi complets que possible devant le Créateur. L'âme n'arrive au bonheur de la contemplation, qui consiste à se fixer en Dieu silencieusement et en toute quiétude, que si l'on s'engage sur la « voie intérieure » et se détache des « pratiques extérieures » que trop de confesseurs recommandent en même temps que la méditation ordinaire. L'ouvrage, parce qu'il met en valeur d'une façon excessive, disent ses contradicteurs, la contemplation, mésestime l'ascèse traditionnelle, semble mépriser toute activité même sanctifiée par la grâce, et marque une indifférence à l'exemple des saints, soulève bien des oppositions parmi les Jésuites. Les accusations sont si nombreuses et si gaves que, le 18 juillet 1685, l'apôtre de la « voie intérieure » est arrêté et ses papiers saisis. Son « Guide spirituel » est condamné par les tribunaux inquisitoriaux de Saragosse, de Tolède, de Séville et de Sicile. Molinos est alors déclaré hérétique dogmatisant et condamné à la prison perpétuelle. Il meurt onze ans plus tard, le 21 décembre 1696. Aujourd'hui, et depuis longtemps, la querelle sur le quiétisme est éteinte. L'écrit est resté, et le « Guide spirituel » offre à notre temps une promesse de lumière intérieure et un espace de sérénité.
