RELATIONS INTERNATIONALES 2024, N.197

Ces dernières années, la société européenne a pu vérifier à plusieurs occasions que la pêche est un élément qui a influencé la stabilité de l'Europe. L'un des points les plus conflictuels du Brexit, avec les frontières douanières avec l'Irlande, a précisément été la question de la pêche. Et plus récemment, fin 2021, un conflit diplomatique franco-britannique s'est développé en lien avec l'émigration mais aussi la pêche. La France a accusé la Grande-Bretagne de ne pas se conformer à l'accord sur le Brexit car cette dernière n'accorde pas les licences de pêche prévues aux pêcheurs français dans les eaux anglaises. Tout au long de l'histoire la plus récente de l'Europe, il y a eu de nombreux épisodes au cours desquels la pêche a façonné la politique communautaire et la stabilité du Marché commun. Depuis l'intégration britannique, ce secteur est devenu un sujet de débat communautaire. En outre, il ne faut pas oublier que l'une des raisons pour lesquelles la Norvège a décidé de ne pas adhérer à la CEE était de sauvegarder ses intérêts concernant la pêche. L'adhésion de l'Espagne à la CEE, par exemple, a été bloquée en raison d'un désaccord sur la fixation des quotas de pêche. L'approbation des zones de pêche exclusives en 1976 a changé l'ordre mondial dans ce secteur et cela a directement affecté la stabilité interne de la CEE, car il a généré des confrontations entre les intérêts nationaux des pays membres. Et la définition d'une politique commune de la pêche n'a été possible qu'en 1983 en raison de ces conflits internes. La pertinence de ces constats contraste avec la faible importance de ce sujet dans les études historiques sur l'intégration européenne. Ce dossier viserait à analyser comment le secteur de la pêche a conditionné la stabilité européenne. Et pour cela, je propose cinq ou six articles qui présenteraient ce sujet sous des perspectives différentes (vision des institutions communautaires, pêche espagnole, française, anglaise et portugaise).