Au cours de l'été 1962, alors qu'il était encore étudiant en architecture à l'université, Andrea Branzi rendit visite à son frère Piergiorgio à Moscou, où celui-ci travaillait comme correspondant pour la Rai. C'était l'époque de la guerre froide, mais le « dégel » annoncé par Nikita Khrouchtchev avait quelque peu relâché l'emprise du régime soviétique. Le jeune Branzi en profite pour se promener dans la ville, qu'il explore de fond en comble. Curieux de tout, il est frappé par l'immensité de la capitale, par ses nouveaux quartiers, par les signes du communisme et de son histoire, par l'omniprésence de l'armée, mais aussi par la décontraction des jeunes, les grands magasins, la relation insouciante des Russes avec la nature, l'innocence des enfants et l'amour généralisé pour les échecs. Il en ressort le portrait d'une population très différente de la nôtre, mais avec laquelle on pourrait imaginer un avenir commun. Dans les images de ce voyage de jeunesse, on devine peut-être certains éléments qui émergeront plus tard chez Branzi, le designer et penseur « utopiste ». Le reportage photographique d'Andrea Branzi est accompagné de textes de Gian Piero Piretto et Angela Rui.