Treatment in progress...
Close notification

Did you know that ?

SIDE has worked with its suppliers to make our parcels environmentally friendly.
No more plastics !
The tape that keep our parcels tightly shut and the wedging material that immobilizes books within the cartons are now made of fully recyclable and biodegradable materials.

Display notification

Contrôler les assistés - Genèses et usages d'un mot d'ordre

Dubois Vincent
Publication date 15/04/2021
EAN: 9791097084134
Availability Available from publisher
Les récipiendaires de l'aide sociale sont perçus comme des assistés. Il faut les contrôler pour qu'ils n'en abusent pas. On est entré dans une spirale rigoriste où les dispositifs de contrôle sont de plus en plus performants et intrusifs. Alors que l... See full description
Attribute nameAttribute value
Common books attribute
PublisherRAISONS D AGIR
Page Count447
Languagefr
AuthorDubois Vincent
FormatPaperback / softback
Product typeBook
Publication date15/04/2021
Weight698 g
Dimensions (thickness x width x height)3.30 x 15.50 x 23.10 cm
Les récipiendaires de l'aide sociale sont perçus comme des assistés. Il faut les contrôler pour qu'ils n'en abusent pas. On est entré dans une spirale rigoriste où les dispositifs de contrôle sont de plus en plus performants et intrusifs. Alors que la fraude est en réalité peu coûteuse, la répression a des effets dévastateurs sur des populations déjà en grande difficulté.Argumentaire Contrôler les assistés s'est imposé à partir des années 1990 en France comme un mot d'ordre politique et moral. Jamais la lutte contre les potentiels abus des allocataires n'avait été aussi systématiquement organisé ; jamais les bénéficiaires d'aides sociales, et parmi eux surtout les plus précaires, n'avaient été aussi rigoureusement surveillés, ni leurs illégalismes ou leurs erreurs si sévèrement sanctionnés. Or, pas plus que l'intensification des politiques sécuritaires ne reflète l'augmentation de la délinquance, l'essor du contrôle des assistés ne reflète celle de la " fraude sociale ". On estime à environ 2% la proportion d'allocataires ayant perçu des sommes sur la base de déclarations erronées, pour un montant représentant environ 1% de l'ensemble des allocations versées. Et lorsqu'elles sont constatées, les augmentations tiennent davantage à la mise en œuvre à grande échelle de dispositifs de détection plus efficaces. Si le souci d'éviter des dépenses injustifiées s'est renforcé avec la focalisation croissante sur la maîtrise des comptes sociaux, le contrôle des assistés ne procède pas essentiellement de préoccupations financières – qui auraient dû conduire à concentrer les efforts sur l'évasion fiscale, dont les montants en jeu (20 milliards de redressements fiscaux) sont sans commune mesure avec les erreurs ou abus des bénéficiaires d'aides sociales (environ 550 millions d'euros par an ces dernières années). De même, le défaut de paiement des cotisations sociales par les employeurs, lié principalement au travail illégal, est quant à lui estimé à plus de 15 milliards par an. L'essor du contrôle des assistés ne se réduit donc pas à une réponse aux problèmes socio-économiques objectifs qui l'auraient suscité. Il renvoie à un ensemble de processus sociaux et politiques qui ont affecté la gestion des classes populaires et l'organisation de l'État social. Comment la " fraude sociale " a-t-elle été promue en un problème public devenu majeur dans le traitement des questions sociales ? Comment la routine bureaucratique du contrôle des " assistés " a-t-elle été transformée en une politique à part entière, progressivement renforcée et rationalisée ? Quels sont les ressorts du durcissement des pratiques d'inspection et de sanction ? Quels profils sociaux y sont les plus directement exposés ? C'est à ces questions que ce livre se propose d'apporter des éléments de réponse. Loin de ne voir dans les rodomontades à l'encontre des " faux chômeurs " et des " tricheurs du RSA " qu'une illustration parmi d'autres de polémiques politiques et médiatiques, il montre que l'essor du contrôle des " assistés " et la dénonciation de ceux qui abuseraient de la protection sociale sert désormais la critique des " dérives " d'un État-providence qu'il s'agit de réformer et la promotion d'autres principes d'organisation sociale, où la responsabilité individuelle et la contribution de chacun par le travail l'emportent sur la solidarité ou la réduction des inégalités. Dans cette économie morale et symbolique en partie renouvelée des politiques sociales, la fraude, figure radicale de " l'assistanat ", constitue une sorte de repoussoir de la " valeur travail ", elle-même placée au cœur d'un nouveau modèle d'État social dit " actif " promu depuis les années 1990 dans les pays occidentaux. Enfin, le contrôle des assistés met en scène le " sérieux " des acteurs politiques, leur " volontarisme " politique et leur capacité à agir sur le cours des choses. Ces logiques sont essentiellement le fait de leaders de la droite, ceux-là mêmes qui ont le plus directement contribué à renforcer ce contrôle – la présidence de Nicolas Sarkozy formant une période particulièrement décisive à cet égard. Cette posture de rigueur gestionnaire et morale constitue un marqueur de droite, décliné de multiples manières, et tout particulièrement dans l'association du néo-libéralisme et du néo-paternalisme par laquelle s'est opéré le renouvellement idéologique du camp conservateur. D'une simple pratique de vérification consubstantielle au traitement bureaucratique de la population, le contrôle de la fraude est donc devenu un mode de gouvernement des pauvres. La vulgate économique des " trappes " à inactivité ou à pauvreté a largement accrédité l'idée selon laquelle aides sociales et allocations de chômage constitueraient des sources de " désincitation au travail " en conduisant à des arbitrages au profit de l'assistance. Cette axiomatique est au cœur des politiques de workfare qui constituent la tendance majeure des réformes de l'État social dans les pays occidentaux depuis les ann...