La truite et sa quête sont le corps « de ligne » de ce texte, mais il ne parle pas queue… de poisson.« Chaque année, entre mi-octobre et mi-novembre, je guette le bouillonnement qui va saisir l’onde et son monde. Venant d’on ne sait où, après quel signal, les truites se regroupent et se choisissent. On se jauge à la robe, à la gueule, aux manières, on s’approche ou se repousse d’un coup de coude ou de caudale, le gêneur vexé s’écarte, ou on louvoie et chaloupe, lissant et polissant le fond de gravier chêne clair puis, soudain, on s’élance et se cabre en détente irascible. Des adolescentes curieuses, éméchées, lorgnent la scène de lit et se délectent sans bien comprendre. Le tango argentin dure des jours, des semaines, et si l’on approche en sioux, aux premières loges, le spectacle de la vie qui se fait, tout entière à son objet, décoiffe. »René Rouzet goûte sa retraite à Lanarce, Ardèche. Il y a passé ses vacances d’adolescent et d’adulte envoûté par la belle Espezonnette roucoulant sous les fenêtres de la maison familiale.
