Le fantôme de Munich

En septembre 1938, à la conférence de Munich, la France et l'Angleterre ont sacrifié la Tchécoslovaquie, espérant qu'en lui permettant d'annexer les Sudètes, ils allaient apaiser Hitler et gagner la paix. « Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur et nous aurons la guerre », avait prédit Churchill. Au printemps 1939, l'Allemagne nazie annexait l'intégralité de la Tchécoslovaquie, et en septembre, la France et l'Angleterre étaient emportées dans la Seconde Guerre mondiale. Depuis, le souvenir de Munich est devenu une référence obligée dès que la lâcheté et l'aveuglement s'imposent dans les grandes crises internationales. Il flotte toujours sur le continent européen, surtout depuis les guerres menées par Vladimir Poutine contre l'Ukraine. Il aura fallu l'invasion de février 2024, après l'annexion de la Crimée en 2014, pour réveiller le Vieux Continent, endormi à l'ombre du parapluie sécuritaire américain, persuadé que la démocratie était acquise à jamais. Mais avec le retour de Donald Trump, l'Europe a perdu son principal allié. Sera-t-elle capable d'un sursaut suffisant pour défendre seule l'Ukraine et réaliser l'effort de réarmement militaire et morale indispensable si elle veut empêcher l'extension de l'impérialisme russe sur le continent et devenir un acteur stratégique face aux puissances autocrates qui se renforcent dans le monde ? Enquête.