Elle garde toujours des bleus à l'âme de cette entrevue, car l'amour pour sa fille est, ce soir-là, la politesse du désespoir. L'entente est parfaite. La douleur va donc l'être également.Néanmoins, étape par étape, le chemin du retour vers la vie démarre, après le chaos de cette courte soirée, de cette tout aussi courte matinée, où Ariane déploie avec talent tout son fiel et son vitriol. C'est la désorientation, l'injustice, qui font penser à Cassandre à l'état de sidération de l'étape d'un deuil. Ni vraiment vivante, ni vraiment morte, mais bloquée dans un monde inconnu.Elle comprend à cet instant que même si l'amour d'une mère doit être le plus fort au monde, les circonstances de la vie peuvent le rendre seulement « imaginaire ». Cassandre est seulement entrée en conversation avec elle-même. Elle voit la femme qu'elle est vraiment, et se pardonne de « s'être oubliée ». Ses bonnes actions, sont et seront toujours sous la houlette de son égérie et grand-mère.Avec conviction, Régina de Nicol aborde ici, en regard de son passé d'enseignante, la thématique de sa vie : l'Éducation. Ses soixante-dix ans lui confèrent un regard sans complaisance sur les changements sociétaux et leurs conséquences Au-delà de la complexité de la culture à enseigner, sa carrière s'oriente en priorité sur les natures si différentes de chacun de ses interlocuteurs. Tantôt leurs facilités, leurs difficultés, leurs environnements, leurs confiances, et parfois leurs défiances. Néanmoins que du plaisir lorsqu'un enfant, petit ou bien grand, au hasard d'une rencontre, dit : « Madame, vous m'avez beaucoup aidé ». Ces jeunes-là furent les soleils de sa longue vie.
