Retraites

Le président de la République et son gouvernement ont choisi de mettre en avant une prétendue équité avec pour slogan : « un euro de cotisation ouvrira les mêmes droits à tous ». Pour atteindre cet objectif le gouvernement a laissé entendre qu'il voulait instituer un système universel par points, en remplacement du régime de base fonctionnant par annuités. Mais un régime par points, loin d'assurer l'équité, en organisant une liaison très étroite entre cotisation individuelle et pension individuelle, exclut dans sa logique toute possibilité de redistribution et donc de solidarité. Le Haut Commissaire à la réforme des retraites a, de plus, déclaré qu'il n'y aurait pas de points gratuits et entretenu un flou inquiétant sur les pensions de réversion et les autres dispositifs de solidarité. Les inégalités risquent donc de s'accroître. En filigrane, la volonté de diminuer le volume des pensions par rapport au PIB s'inscrit dans le dogme néolibéral de baisse des dépenses publiques et sociales, pendant que l'épargne individuelle et la capitalisation seraient encouragées pour les hauts revenus (loi PACTE). L'objectif de ce livre est donc de mettre en évidence comment ce projet de réforme, sous couvert de mécanismes apparemment seulement techniques, vise à sortir du débat démocratique des enjeux aussi essentiels que la solidarité intergénérationnelle, le temps de travail et le temps de repos après la vie active, ainsi que le partage des richesses produites. En renvoyant la retraite à un choix individuel, les normes sociales collectives perdent tout sens ou disparaissent. Contre cette (im)posture, des solutions différentes sont possibles, en mariant une redéfinition du sens du travail, de sa durée, et de la part de la richesse que les cotisations peuvent mutualiser.