A l’instar des Mouradites, les Husseinites font valoir que leur pouvoir est une e´manation de l’autorite´ ottomane. Leur re´fe´rence a` la conque^te ottomane de la Re´gence de Tunis, en 1574 – ce´le´bre´e par leurs historiographes, comme un acte fondateur – constitue la pie`ce mai^tresse de l’argumentaire de leur discours de le´gitimite´. Venus au secours d’un peuple musulman, pour assurer la sauvegarde de la parole de l’Islam, selon l’expression consacre´e et reprise par Ben Dhiaf, les Ottomans ont re´alise´ le deuxie`me fath (l’ouverture glorieuse a` l’Islam), re´actualisant, d’une certaine fac¸on, l’e´pope´e de l’expansion de l’Islam en Ifrikya. Nous avons affaire a` un ve´ritable discours politique, qui se propose de le´gitimer le re´gime beylical d’essence ottomane et justifier la pre´e´minence de la caste turque, dans la Re´gence.Mais ne perdons pas de vue que les grands chefs d’E´tat avaient beaucoup de pouvoirs et de moyens. Ce ne fut pas le cas des beys de Tunis. LesHusseinites ont certes transgresse´ l’autorite´ ottomane, au XIXe sie`cle ; mais l’e`re pre´coloniale institua une de´pendance effective. Les beys e´taient soumis aux consuls de France et de la Grande Bretagne. La colonisation les a e´rige´s en « souverains » de l’ombre. L’inde´pendance les a re´duits aux statuts de gardiens du palais.Ce livre se propose d’e´crire l’histoire husseinite avec ses e`res de grandeurs et celles de de´cadence. Hammouda Pacha, dit Ben Dhiaf, fut la pie`ce mai^tresse du collier husseinite. Ahmed Bey institua les re´formes et condamna l’esclavage. Sous le protectorat, Moncef Bey tenta de restaurer l’autorite´ nationale. Il fut d’ailleurs destitue´ par le pouvoir colonial. Ce fut peut-e^tre la chance de la Tunisie : si l’inde´pendance est re´alise´e, sous son autorite´, la Tunisie serait une monarchie…