En 1947, Bill Gaines hérite d’EC Comics, une maison d’édition récemment fondée par son illustre père, M. C. Gaines, accoucheur du comic book tel que nous le connaissons durant son passage à la tête d’All-American Comics, qui donna notamment naissance à Wonder Woman et Green Lantern. Au cours des huit années suivantes, Bill Gaines et les meilleurs de l’époque parmi lesquels Al Feldstein, Harvey Kurtzman et Wally Wood, vont réinventer le concept-même du comic book avec des titres comme Tales from the Crypt, Crime SuspenStories, Weird Science et MAD. Ce qui plaît à EC, ce sont les comics sanglants, morbides, horrifiques et criminels qui se concluent sur une note ironique, acide, percutante, mais la maison publie aussi les premiers comics de guerre réalistes, les premières “vraies” histoires de science-fiction et une série de contes sur des sujets alors encore tabou comme le racisme, le sectarisme, l’autodéfense, la toxicomanie, la corruption de la police et l’antisémitisme. Les bonnes choses ne durant jamais, l’équipe est bientôt repérée par les différentes ligues de vertu qui sévissent aux États-Unis dans les années 1950, convaincus que les publications souvent extrêmes d’EC encouragent la délinquance juvénile. Environ un an après une enquête à charge contre les comics d’horreur et de crime, les incroyables EC Comics ne sont plus. Après avoir publié toute la fascinante histoire de cette maison légendaire au format XXL en 2020, TASCHEN raconte aujourd’hui en détail ce qui est considéré comme l’âge d’or d’EC, l’époque du New Trend, avec pour l’illustrer l’ensemble des couvertures de cette “nouvelle tendance”, notamment celles de Tales from the Crypt, The Haunt of Fear, Weird Science et Weird Fantasy, Two-Fisted Tales, Frontline Combat, Panic et MAD. Une grande partie de ces visuels sont des reproductions des Gaines File Copies, considérés comme les exemplaires les mieux conservés des publications EC Comics. Ce recueil reproduit aussi des pages et planches intérieures, des photos, des œuvres originales d’époque, ainsi que certaines des histoires les plus célèbres jamais imprimées en quadrichromie pour dix cents. Bref, c’est un ajout indispensable à la bibliothèque de tout passionné de comics ou d’histoire de la culture populaire.
