Durant des années, Laurence Ritter, journaliste et sociologue, et Max Sivaslian, photographe, ont sillonné inlassablement les territoires ancestraux des Arméniens jusque dans les zones les plus reculées, à l’est de la Turquie, à la recherche des descendants des survivants du génocide de 1915, qui a anéanti la population arménienne de l’Empire ottoman. Un siècle après les faits, la loi du silence prévaut et rares sont ceux qui osent témoigner à visage découvert. Qui sont ces survivants ? Essentiellement des femmes et de jeunes enfants islamisés, rescapés d’un génocide opéré le plus souvent avec les moyens de l’époque, c’est-à-dire à l’arme blanche, d’où cette terrifiante expression turque de « restes de l’épée ». On a toujours peine à imaginer ce que fut cette tragédie. La perversion de l’islam par des fanatiques ultra-violents en Irak, en Syrie, en Libye, en Afrique et même jusqu’en Europe, donne malheureusement la mesure de ce qu’ont pu être les massacres qui emportèrent plus d’un million d’Arméniens chrétiens en à peine un an.Ces descendants de survivants commencent à briser un tabou en Turquie en révélant leurs origines arméniennes comme l’avocate Fetiye Çetin dans son livre de témoignage personnel, Ma grand-mère arménienne. Ils seraient des centaines de milliers, voire des millions. Ni Turcs, ni Arméniens modèles, ils sont rejetés. Hrant Dink, leur Martin Luther King, a été assassiné le 19 janvier 2007, devant le siège de son journal Agos, en plein cœur d’Istanbul.
