Cet étonnant Joseph de Mourcin (1784-1856) ou la vie du savant périgourdin ami/disciple de Taillefer

Ami et disciple du comte de Taillefer, Joseph de Mourcin est surtout connu des amateurs d’archéologie pour ses Notes de voyages en Périgord (1824-1828) mais il serait injuste de n’en faire qu’un simple archéologue (aussi compétent fut-il). Ce fils d’un noble bourgeois et d’une servante fit de brillantes études, d’abord à l’école centrale de Périgueux puis à Paris, où il fut capable de remplacer au pied levé le brillant helléniste Gail, professeur au Collège de France ! Passionné de langues anciennes, il décrocha toutefois une licence de droit à l’âge de 22 ans obtenant ainsi un titre d’avocat et son indépendance financière. Il resta à Paris quelques années et fréquenta assidûment l’Institut et le Collège de France. Cependant, son amour pour le Périgord et la rencontre avec le comte de Taillefer le ramenèrent bien vite à Périgueux : conseiller de préfecture pendant tout le règne de Louis Philippe, il suivit avec intérêt les grands travaux qui verraient sortir de terre la halle du Coderc, le théâtre, le palais de justice et d’autres aménagements urbains à Périgueux. Passionné d’agriculture, il fut secrétaire perpétuel de la société du même nom et participa à la création de la ferme école de Sallegourde (devenue Saltgourde).Ce savant mérite assurément qu’on le connaisse un peu mieux et c’est dans cette biographie qu’on pourra découvrir celui qui fut, au sein de son époque et de sa région « cet étonnant Joseph de Mourcin ».Justice est ainsi rendue à l’un des acteurs majeurs de notre recherche historique. Mais la richesse de l’ouvrage vient aussi du tableau fouillé de ce que j’appelle parfois notre « civilisation périgourdine » au XIXe siècle. La biographie détaillée nous permet de découvrir la vie de notre province. Nous faisons connaissance avec la bourgeoisie et les notables, leurs préoccupations, les politiques de mariages et la gestion des héritages. Nous suivons le parcours de ses enfants dans la magistrature, l’administration ou les études historiques dont nous mesurons l’essor en Dordogne. Nous sommes informés des rivalités et des comportements des différents préfets. Nous pouvons avoir une idée des commentaires de la presse. Et l’auteur prend le soin de nous informer de l’arrière-plan politique national. (...) D’autres touches précisent le tableau de cette vie quotidienne, comme la description de l’épidémie de suette qui frappe le Périgord en 1841 ou encore celle des grands travaux ou celle des sites historiques visités systématiquement pendant trois ans. (...) Gérard Fayolle