L'hiver Venise

Tout travail sur Venise est un travail pour Venise. Car la survie de Venise passe par sa gloire. En tentant d’éclairer les séductions qu’elle exerce sur un individu, ne peut-on pas renforcer la puissance de la Sérénissime ? À mesure que sa force temporelle déclinait, son prestige a grandi au point de faire d’elle une maîtresse de la civilisation, émeraude au front de l’idole. C’est rendre aussi à Venise ce qu’elle a donné. C’est s’acquitter d’un dû. Tout texte sur Venise est une action de grâce, un acte de foi et un signe d’allégeance. Si Venise n’a pas été désiré, si elle a déçu, si elle a tué, cet hommage est pour elle le plus grand des triomphes. C’est toujours de l’encens qui a été brûlé pour lui être agréable et qu’elle ne respire pas, tant elle a eu d’adorateurs et de grands prêtres.