Dès le début, le ton est donné. Le premier vers d’Erwan Bargain Je veux des mots claque à l’oreille, suivi aussitôt d’une strophe d’unpoème de Kerouac. On s’interroge, va-t-on se lancer sur la route, en direction de MexicoCity ? Va-t-on swinguer, virevolter dans un rock-and-roll endiablé ? La promesse est tenue.Dans un souffle, les mots nous entraînent, nous emportent, ils s’enchaînent, s’affrontent, se complètent, s’éclairent l’un l’autre, ponctuésde pauses-respirations. Et le poème s’anime, se sonorise de rythmes jazzés, les mots deviennentles paroles d’un morceau de musique.Nous sommes déjà à Mexico City alors que Raymond Queneau s’en mêle et que Platon et Marc Aurèle viennent le rejoindre. Dans un tourbillon de mots, le poème évoque la vie dans sa beauté et sa laideur, des thèmes quotidiens, politiques, des désirs amoureux, des voeux de justice s’y entrecroisent, scandés par l’exigence du poète d’y mettre des mots !Et le SOLo d’Erwan Bargain, ses soliloques, ses pensées pour lui-même interpellent l’autre, le bousculent, le percutent comme une mitraille qui traverse le poitrail. Mais silence ! Il faut faire silence pour écouter ce poème et méditer, longuement…