L'entretien des Illustres bergers

Œuvre totale où Nicolas Frénicle (1600-1662) nous présente une synthèse de son art, L’Entretien des Illustres Bergers constitue une excellente introduction à la littérature pastorale de l'âge baroque. L'ouvrage paraît en 1634, au moment même où l'auteur, pourtant proche des courants libertins dans sa jeunesse, s'apprête à abandonner la littérature bucolique pour la poésie religieuse. L'œuvre fait donc figure de véritable testament littéraire, et conjugue à ce titre les formes les plus diverses ; elle tient du roman pastoral, dans la veine de l'Astrée, mais inclut aussi une pastorale dramatique et un grand nombre de poèmes. Testament, mais aussi texte polémique : Frénicle fait paraître, sous l'habit de bergers, tous les membres de son cercle d'amis, ceux que l'on a appelés depuis, en référence au titre de cet ouvrage inclassable, les « Illustres Bergers ». Nous retrouvons donc Colletet, Godeau, Mallevile ou Richelet, qui partagent l'admiration de l'auteur pour Ronsard. Ainsi l'Entretien propose-t-il un éloge appuyé du poète vandômois. Anachronisme ? En partie seulement, car la prose élégante de l'auteur témoigne également de la dette contractée auprès de Malherbe et de ses disciples. Un classicisme qui n'exclut pas une certaine hardiesse, comme en témoignent la sanglante églogue des moissonneurs ou le singulier poème mythologique sur la noix de coco.