Une ethnologue dans le rétro

C'est bien de l'ethnologie, mais qui mêle la quête à l'enquête... Quête de soi, souvenirs parfois détaillés d'enquêtes en Grèce principalement, comme des notes de terrain — parmi des pages évoquant quelques vues propres à l'anthropologie générale ou notamment à l'ethnopsychiatrie. D'où une mise en question des "identités". L'agencement général suit ce parcours: la logique des remémorations avancée vers des surplombs réflexifs, évitant tout académisme (sauf pour l'appendice un peu technique). Cette écriture-là rend compte au mieux des réalités interprétées dont l'auteur en est venue à faire elle-même partie dès le terrain. Ici pourtant on ne coupe pas les ponts avec une des sciences humaines: l'ethnologie devenue plurielle, dont les écrits vont du registre théorique pointu au récit pur et simple ou jusqu'à la transcription intégrale d'histoires de vie racontées par leurs sujets. Le déroulé d'ensemble du texte reste conforme au rythme des réminiscences, qui coïncide rarement avec la succession événementielle d'une autobiographie. Celle-ci s'avère cependant restituée en sous-main — avec bien d'autres choses et d'autres moyens. Somme toute, de la meilleure manière se fait, poussée à ses limites, une ethnologie/anthropologie autoréflexive originale en quoi s'éclairent réciproquement, jusqu'au for intérieur, le moi et l'autrui.