LE LIVRE : T.-R. – Stéphane, tu avais dix-neuf ans quand nous nous sommes rencontrés. Tu es venu chez moi, avec des poèmes. Tu avais choisi ta voie. Et nous avons longuement échangé, donc beaucoup bu et un peu bavardé… Peux-tu me dire quel fut pour toi le déclic, l’élément déclencheur ? Plutôt un livre, une rencontre ?S.-J. – À vrai dire, je ne sais pas vraiment. La poésie m’est tombée dessus un beau jour de juin 1987, à la fin de l’épreuve de mathématiques du baccalauréat. J’avais fini un peu en avance et, de manière tout à fait impromptue, j’ai écrit mon premier poème, comme cela, sur le coin d’une feuille de brouillon. Certes, depuis mon entrée au lycée je lisais un peu de poésie, mais je n’aurais jamais imaginé en écrire un jour… Pour moi, cela a été une véritable révélation, dans tous les sens du terme. Dès l’année suivante, en première année de Deug de Lettres modernes à l’Univertsité Lyon 3, je n’ai plus pensé qu’à écrire – et, bien sûr, à lire les grands poètes. Je me suis plongé dans les œuvres de Whitman, Baudelaire, Mallarmé, Verlaine, Rimbaud, Reverdy, Éluard, Borgès, Supervielle et bien d’autres. C’est aussi à ce moment-là que j’ai découvert l’œuvre de Charles Juliet, notamment son Journal. Plutôt qu’un « élément déclencheur », je dirais que cet ouvrage a joué le rôle d’un véritable manuel d’apprentissage pour l’auteur que je cherchais déjà à devenir. […]Extrait de la conversation du 2 février 2009, entre Thierry Renard et Stéphane Juranics
