Jean-Pierre Guingané fut Professeur à l’Université de Ouagadougou et auteur dramatique. La pensée guinganéienne se fonde sur un puissant paradigme africain : « l’acte de jouer soutient l’éducation humaine. Il (l’) aide au développement des traits, des capacités physiques, mentales, intellectuelles et spirituelles pour constituer le sens humain de l’Homme, destiné à être civique. [...] Car on ne naît pas humain ; on le devient par et dans le jeu qui forme en ce sens. » Ce livre analyse et interprète les pièces ainsi que les textes de Jean-Pierre Guingané, en fonction de la notion de jeu. « L’analyse des différents chapitres emprunte successivement plusieurs biais, étiologique (chapitre I), anthropologique (chapitre II et III) et philosophique (chapitre IV et V), qui s’interpénètrent... » L’étude de la question brûlante d’intérêt à l’école et dans la société montre, contrairement aux offres vidéo de l’ère numérique fabriquant le « crétin digital » par la destruction de la santé intellectuelle et culturelle, comment pour le dramaturge, l’humanisation est quasi impossible sans le beau jeu, à la fois producteur de sens et puissance de communion.Ainsi, Jean-Pierre Guingané envisage-t-il le jeu comme une thérapie efficace face à une humanité blessée par un dualisme cartésien qui fige l’individu dans une éternelle oscillation entre le bien et le mal, le monde matériel et le monde spirituel, la raison et la passion, l’intelligible et le sensible, l’ordre et le désordre, etc. La puissance de l’œuvre de Jean-Pierre Guingané réside en ce qu’il dépasse ces clivages de la pensée classique, « en déconstruisant les systèmes pour offrir une pensée globale, qui ne sépare pas les différents ordres comme le créateur et la création, la subjectivité et l’objectivité, car il saisit dans un même mouvement l’être humain, la nature, l’esprit et le corps, la métaphysique et l’éthique. » Dans cette étude novatrice, Cyrille Koné montre que « Le discours de la philosophie ne devrait exclure ni l’imaginaire ni la sensibilité, car ils orientent et stimulent souvent la raison, qui n’est pas une faculté aussi pure comme l’a pensé Emmanuel Kant. »Enfin Jean-Pierre Guingané invite à une méthode d’enseignement pro-active. Le jeu, en effaçant toute hiérarchie sociale, fédère les individus qui acquièrent le même statut avec une préparation au respect de l’altérité.
