Depuis environ une dizaine d’années, des équipes artistiques, des institutions culturelles ainsi que certains universitaires commentent, conçoivent et produisent des performances, spectacles, expositions traitant d’enjeux environnementaux. Ces différents projets artistiques sont fréquemment présentés comme des manuels d’écologie, des guides pour retrouver la nature, le vivant, la Terre etc. Pour nombre de ces protagonistes, l’art semble donc constituer une sphère autonome, préservée des méfaits du capitalisme et de ses dominations.Cet ouvrage procède différemment. S’intéressant principalement aux arts de la scène et la musique, il les appréhende comme des _moments_ des sociétés, dynamiques et pluriels.Ainsi, son premier objet est de comprendre la contribution de ces mondes artistiques a` la mise en place de la cosmogonie moderne et a` ses injonctions (la nécessité´ du progrès, la célébration des génies, l’impératif du renouvellement constant) et comment ces processus se sont _concrètement_ déroulés. Deuxièmement, en se basant sur des discours, entretiens, spectacles et enregistrements collectés entre 2016 et 2020, l’enquête documente la variété des pratiques et des options socio-environnementales déployées. En d’autres termes, et comme dans d’autres terrains, on s’aperçoit qu’il existe _différents types d’e´cologies_, parfois (in)compatibles, dans les mondes artistiques.Enfin, il s’agit de réfléchir aux façons dont les vocabulaires scéniques et musicaux peuvent (ou pas) constituer des espaces ou` tous, amateurs comme professionnels, puissent imaginer d’autres mondes possibles et contribuer a` leur existence.
