S'il va de soi que les oeuvres d'art peuvent déranger, comment expliquer que nous recherchions parfois, de notre plein gré, des récits susceptibles de nous attrister, de nous indigner, ou même de nous horrifier ? Ce livre formule l'hypothèse selon laquelle la littérature et le cinéma servent ainsi à nous sensibiliser à des émotions qui, quoiqu'inconfortables, nous font sentir vivants. C'est aussi ce mélange d'abjection et de sublime, dans la trentaine d'oeuvres canadiennes à l'étude, qui fait perdurer l'intensité de l'intrigue au sein de notre mémoire. Si notre premier réflexe est souvent d'occulter ces émotions, peut-être est-ce justement parce que ces livres et ces films nous poussent à renouer avec notre corps et nos intuitions : ils nous appâtent avec leurs histoires curieuses pour mieux nous secouer, nous sortir de l'apathie qui nous englue. Ils recentrent ainsi, à la manière forte, notre attention et notre imagination autour d'injustices et d'événements qui, autrement, tendent à nous dépasser.