Le pont-canal de Briare est l’œuvre la plus connue de Léonce-Abel Mazoyer, brillant polytechnicien, ingénieur puis inspecteur des Ponts et Chaussées, qui a réalisé de nombreux viaducs et canaux. Son rôle fut déterminant dans la mise aux normes de canaux vieillissants et la modernisation du réseau fluvial français.Le pont-canal de Briare, premier pont français en acier doux, construit de 1890 à 1894, avait pour but de faire passer un canal au-dessus de la Loire. Mesurant 662 m, il a longtemps détenu le record mondial de longueur. La maçonnerie des 14 piles en pierre et culées qui le soutiennent fut confiée à Gustave Eiffel. L’enjeu était alors de raccorder le canal latéral à la Loire construit en 1838 au canal de Briare (ouvert en 1642) pour permettre une navigation ininterrompue le long de la Loire, fleuve imprévisible et dangereux.Léonce-Abel Mazoyer évoque avec précision dans ce mémoire toutes les étapes de l’élaboration du projet et de sa construction, les obstacles rencontrés, les difficultés, le coût des opérations. Un avant-projet comprenant une bâche en fer avait été dressé en 1881, approuvé seulement 5 ans plus tard. Mais les intéressés locaux refusèrent de prendre en charge ce projet colossal. Le pont-canal fut déclaré d’utilité publique en 1889. S’inscrivant dans un programme de mise au « gabarit Freycinet » de toute la ligne fluviale Roanne-Briare et d’une partie du canal du Nivernais, il devait permettre de développer le transport Loire-Seine. En 1895, une usine à vapeur fut édifiée à Briare, comprenant quatre groupes de machines capables d’élever en 24 h plus de 69 000 m3 à une hauteur de 43 m. En arrivant par le pont-canal, face au port de commerce, on peut voir la cheminée en briques de cette station de pompage, haute de 40 m, d’où s’évacuaient les fumées.Après un été très pluvieux, le pont-canal fut inauguré le 16 septembre 1896, en catimini, les Briarois l’accusant de tous les maux : inondation des caves, problèmes sanitaires, risque de contamination des puits, épidémie imminente Deux trottoirs ont été aménagés de chaque côté du canal pour laisser passer les piétons sous l’éclairage de 72 lampadaires. Inscrit depuis 1976 au titre des monuments historiques, le pont-canal de Briare fait partie des travaux de Léonce-Abel Mazoyer qui méritent « de retenir l’attention par la hardiesse de leur conception et le soin apporté à leur exécution ».
