Correspondance générale T9 : 1859-1861

L’Amour avait provoqué une pluie de quolibets, de caricatures, de pièces satiriques – souvent humoristiques d’ailleurs. La publication de La Femme déchaîna les passions. Michelet, «vieillard libidineux», sombrait dans l’«érotomanie», si l’on en croit ses ennemis jurés, mais aussi parfois nombre de ses amis intimes. Là où l’écrivain avait cru faire œuvre d’«éducation» – c’était le titre initial du volume – on ne vit que déballage de voyeur maniaque. Ce n’est pas La Mer ou Louis XIV qui apaiseront les esprits: il faudra attendre La Sorcière et La Bible de l’humanité, c’est-à-dire 1862, pour retrouver plus de hauteur, voire de sérénité. Cependant la santé de Michelet et d’Athénaïs sa femme s’altère de plus en plus. L’histoire le dévore littéralement, lui mange la moelle et les os et, par une sorte de mimétisme, il souffre de ses «propres entrailles» et des «entrailles de l’histoire» dans laquelle il plonge. Désormais, chaque année le verra «aux eaux» ou à la mer, à Royan, à Etretat en 1860, à Toulon en 1861.