« Nous avons pris possession du Pendania le 3 août 1984 et six jours durant j’ai frotté, lessivé, rangé, nettoyé de fond en comble. Il me fallait débarrasser le yacht de toute trace de la trahison conjugale dont il avait été témoin, effacer le désordre des anciens propriétaires, en désencombrant les lieux des vêtements étrangers oubliés jusque dans la machine à laver, tels des ombres, des spectres restés là pour nous narguer.De son côté, Andréas passait ses journées dans les entrailles du yacht avec Yann, un mécanicien spécialisé. Afin d’avoir accès à l’arbre d’hélice, tordu, ils désossèrent une partie du plancher de notre chambre au pied de notre lit et là, pestant, jurant, les bras dans le cambouis, allongés ou accroupis au-dessus de la mécanique, ils vécurent l’enfer avant de voir céder l’axe de métal.Six jours durant, dans une chaleur étouffante, entre les supports d’acier de l’échafaudage, là-haut, près du ciel, une étroite échelle de fer nous reliant à la terre, nous avons travaillé dur avec Andréas, et nous étions heureux.Mais au septième jour, sous un ciel devenu gris, tout va changer. »
