Parti d'une vision assez nébuleuse du réalisme, d'une noirceur délibérée en voulant porter un regard critique et produire un récit cruel et fidèle de la vie d'expatrié. Le cri de Arrès est aussi celui d'un peuple, d'une race longtemps asservie, manquant de sagesse dans sa jeunesse, crevant de faim dans sa vieillesse. Son soupir est le sourd malaise de l’indigène assujetti, exploité dans une rage muette. Le monde ne serait-il qu'une bataille, les forts mangeant les faibles ? L'auteur a voulu dépeindre également la déchéance fatale d'un homme digne et vertueux, gâté à l'excès par un milieu de rude besogne et de misère, trop seul. Puis l'ivrognerie, le relâchement et la coupure des liens familiaux, la défaillance progressive des sentiments honnêtes, pour finir la honte et la mort... Est-il bien nécessaire d'expliquer ici les intentions de l'écrivain ; l'union insolite qui peut se produire entre deux natures humaines aux mœurs différentes. Ainsi, cette union qui aurait pu renouveler le monde, avorte d'impuissance, se divise, s'émiette dans des querelles internes, tenaces et absolues. De l'ambition démesurée a la déchéance, Arrès et Huguette, gardent ici leurs valeurs et remplissent leur rôle a merveille, dans cette tragédie sociale qui fait encore écho de nos jours.
