Tempêtes du sahel

« Quand midi sonnait, la rue était jonchée de tissus multicolores et mouvants. Les mômes revenaient de l’école en uniforme et marchaient d’un pas cadencé. Cette armée en miniature n’avait rien d’agressif. Il fallait utiliser des plans rapprochés pour se rendre compte de leur allure véritable. Il y avait des guenilles ambulantes et des regards enflammés par la canicule, des corps chétifs qui braillaient pour oublier la faim. En outre, d’autres plus fortunés s’en allaient à vélo ou bien se trouvaient emmenés sur des motos. L’un dans l’autre, les aigles ne volent pas avec les pigeons, dit-on. Ceux qui braillent dans leurs loques ne sont pas comparés à ceux qui bruissent dans l’air conditionné des voitures. Je m’estimais heureux et fortuné. Ma mère était encore vivante. »