et ils grimacent

« On raconte que la sorcière est née au mois de mars une nuit de pleine lune quand le vent soufflait froid par-dessus les collines. Gluante elle est sortie de son cocon. Elle a rampé au-dehors de la grotte sous les racines de l’arbre et elle a descendu la colline. Elle avait de longs cheveux sombres qui lui descendaient jusqu’aux pieds et lui cachaient les seins et lui cachaient le sexe et des yeux très noirs en amande épanouis qui cillaient cherchant la lumière au travers des volutes de fumée grise. Nue elle a marché sur les routes qui lui sciaient les pieds et ses pieds saignaient car elle avait la peau fine des nouveau-nés quoique le corps adulte et souple. Et elle avait la chair pleine et éveillée et les pores de la peau palpitants et elle regardait autour d’elle étonnée. » Ainsi commence ce récit puissant, au titre mystérieux, qui raconte comment une jeune femme apparaît dans un village et comment son étrangeté surnaturelle secoue les habitants et leurs certitudes. Si pour une vielle femme en marge de cette société, cette arrivée est un cadeau qui donne un sens nouveau à sa vie, curiosité, suspicion, peur et haine s’emparent du cœur des villageois qui ne lui laisseront guère apprécier la beauté du monde qu’elle découvre. Mais Lilith, née des profondeurs obscures du néant, est habitée par un pouvoir ancien qui les dépasse.