Touffu, pointu et facile d’accès tout à la fois, « L’Arabie saoudite. Des origines au XXIe siècle » passe en revue les multiples facettes de l’Arabie, et traite aussi bien de politique et d’économie, que de religion, de questions sociales et même d’archéologie. Il aurait pu être indigeste. Mais grâce à un découpage efficace, de nombreux encadrés qui aèrent le texte et un mélange de développements savants, de choses vues et d’anecdotes, il se parcourt aisément. Tableau de la vie bédouine, Arabie antique, royaumes pré-saoudiens, colonies juives et chrétiennes de la période antéislamique, naissance de l’islam, du premier État saoudien, fondation du Royaume d’Arabie saoudite par Abdelaziz Al-Saoud, émergence des nouveaux piliers du Royaume que sont le pétrole et l’alliance avec les États-Unis, chronique des règnes successifs jusqu’à la politique de modernisation autoritaire menée par le tandem constitué par l’actuel souverain Salman et son dauphin de fils, Mohamed Ben Salman dit MBS... : on l’aura compris, à la manière des poupées russes, ce livre foisonnant abrite plusieurs livres en son sein. Mais un fil rouge relie toutes les parties, ou même deux. Le premier est une réflexion sur les voies de la construction d’un État-nation efficace. Le second, plus personnel, plus implicite, apparaît en creux : c’est l’étonnante histoire de deux Occidentaux qui se prennent d’affection pour une terre mal-aimée et qui, au contact de Saoudiens passionnés par leur pays, se découvrent à leur tour une vocation de passeur. « Dans ce pays, écrit Jacques Bourgeois, on arrive à reculons et on repart à reculons. »
