Entre Perche et Beauce, cinq amis passent ensemble une journée d’été. Il y a Claude Thisse, châtelain à Illiers-Combray, qui a recréé le Pré Catelan : ce jardin familial de Marcel Proust monte jusqu’à la lumière des champs. Pentu, luxuriant, sombre, le cerveau de l’écrivain est un jardin...Il y a Anjali Janakiraman, qui a été guide à la maison Musée Marcel Proust, ou Maison de Tante Léonie, puis conférencière à la cathédrale de Chartres.Après Illiers-Combray, on peut aller voir Méréglise, Frazé, Thiron-Gardais, Chassant.« J’ai adoré le Pré Catelan, disait Claude Thisse. J’y ai travaillé quinze, vingt ans. C’était après la guerre — après les guerres. Le maquis du Gévaudan, Phnom Penh, la Cochinchine... Je devais avoir besoin de changement. Alors j’ai aimé les arbres. Je rentre en France vers 1950, Larcher avait cette Société des Amis de Marcel Proust et il avait besoin de gros bras. On a fait la maison de tante Léonie, en créant une scénographie pure d’après le roman. J’ai donné de nombreuses choses : la suspension dont on ne voulait plus dans ma famille, la mode était passée, elle va bien dans la salle à manger où le petit garçon va lire ; j’ai donné le lit de ma grand-mère qui est devenu le lit où gémit et bêtifie tante Léonie : ça se tient, ce sont des meubles d’un voisin, de la bonne époque. (...) En vrai Illiers n’avait pas de tante Léonie : c’était la maison de l’oncle Jules Amiot. Quant à la grand-mère, elle vivait alitée dans un appartement sur la place d’Illiers. Le jardin de Jules Amiot, c'est-à-dire le Pré Catelan, alias parc de Swann, pouvait être plus authentique : il était à l’abandon... »
