Lire Éric Losfeld, c'est retrouver un Paradis perdu. Quand faire des livres s'apparentait à une guérilla, doublée d'une partie de rigolade. Lire Endetté comme une mule , c'est embarquer avec Losfeld sur un "grand huit" . S'amuser avec Marcel Duchamp et Raymond Queneau. S'évanouir devant la porte d'André Breton. Boire à l'œil dans les cocktails de Gallimard et faillir en venir aux mains avec Hemingway. Déjouer la censure, être rattrapé par la censure. Donner ses lettres de noblesse à la littérature érotique et inventer le roman graphique. Publier Emmanuelle et Barbarella . Miser, gagner, perdre, se refaire. Écrire sous pseudo cinquante romans de gare (il faut bien vivre), mais être l'éditeur de trois cents livres (parmi lesquels beaucoup de chefs-d'œuvre). Qui dit mieux ? Publier en 2017 Endetté comme une mule, ou la passion d'éditer , c'est rappeler à une génération de lecteurs –; mais aussi de jeunes libraires, journalistes ou écrivains –; comment l'esthétique rebelle et culottée d'Éric Losfeld et de ses amis, fondatrice pour notre époque, a finalement triomphé. À égale distance des éditions de Minuit et de San Antonio : un classique.