Esprit et liberté

Dans cet essai de philosophie chrétienne Nicolas Berdiaeff, philosophe russe, tente de réfléchir au monde et aux conditions d'un renouveau spirituel. Il est persuadé que celui-ci passera par l'unité des églises et par un renouveau du prophétisme, seul capable de révolutionner les inerties propres au monde actuel. « Le monde renie et dédaigne facilement toute vie spirituelle, toute aspiration de l'esprit, toute connaissance supérieure, il prétend volontiers qu'elles l'entravent dans son travail d'organisation universelle et qu'il peut aisément s'en passer. Cela, il le proclame à droite et à gauche par des milliers et des millions de voix. Aussi, rien ne peut être plus pénible que d'entendre la conscience de l'Église souscrire à la négation de l'esprit que professe l'État, négation qui, aux confins du monde, dans le communisme athée, se transforma en extermination définitive de l'esprit, de la vie et de l'aristocratie spirituelles. « N'éteignez pas l'esprit » nous a-t-on dit ; or, renier la problématique de la conscience chrétienne revient à oublier ce précepte. Le travail ayant pour but d'éclairer le monde ne réclame pas un amoindrissement de la qualité de l'esprit. Aussi, le problème, qui se pose avant tout, est-il celui de l'esprit et de la vie spirituelle.?» A propos de l'auteur : Nicolas BERDIAEFF (1874-1948) est issu d'une famille aristocratique. Après avoir été séduit par le marxisme, il s'en détourne dès les débuts de la Révolution russe, conduite par Lénine. Il fonde l'Académie libre de Culture spirituelle (1919-1922) et est expulsé de Russie en 1922 avec plusieurs autres intellectuels sur « les bateaux des philosophes ». En 1924, il transfère à Paris l'Académie de philosophie et de religion qu'il avait fondée à Berlin.