Deux femmes, Inge et Irma, vivent chacune au bord d’un lac. Toutes deux artisanes, elles travaillent de leurs mains dans cet environnement d’eau et de montagnes. L’une tresse des chapeaux, l’autre tisse des châles. Elles sont accompagnées d’un petit peuple d’insectes, d’oiseaux et d’animaux aquatiques qui les observent et veillent sur elles. Dans leur vie en apparence solitaire, elles créent néanmoins pour les autres et se confrontent aux réactions que suscitent leurs œuvres : parfois bienveillantes, souvent exigeantes, mais aussi, à l’occasion, contrariées, presque hostiles.Pendant ce temps, l’un des deux lacs se vide, tandis que le niveau de l’autre augmente. En symbiose avec leur environnement, inquiètes, ces femmes observent ces phénomènes au jour le jour. Elles s’interrogent sur les raisons d’un équilibre qui est en train de changer, subtilement et inexorablement.Inge et Irma vivent leur histoire en parallèle. L’une à la surface de l’eau, l’autre en dessous ; l’une concrètement, l’autre de manière plus impalpable. Pour faire face aux changements de leur monde, elles devront se mettre en mouvement. De nouvelles pistes s’ouvrent alors à elles. Mais pour cela, il faudra braver l’inconnu, sortir de leur environnement pour finalement se rencontrer...Réalisé entièrement aux crayons de couleurs, avec deux dominantes de différentes (l’une jaune-vert, l’autre bleu-mauve), Elena Tognoli signe un double récit dont le livre se fait l’écho. On commence l’histoire d’Inge d’un côté du livre, celle d’Irma, de l’autre. Au centre, elles se rencontrent. Le lecteur éprouve physiquement le mouvement des deux femmes et des deux histoires. Le livre se tourne et se retourne, la fin devient le début, les mondes parallèles se confondent. Mais ne sont-ils que parallèles ? Ne pourrait-on pas parler de vases communicants qui permettraient aux personnages d’être à la fois habitées par leur histoire singulière et de se compléter dans une aspiration commune ?Elena Tognoli nous offre un livre fort qui interroge à la fois la création, son processus et notre rapport à la nature et à l’écologie. En inventant ces vies en miroir qui fusionnent, elle interpelle nos propres élans et nous invite à créer en commun.